.455 Révolver automatique Webley Fosberry

Ayant appartenu au Major William ("Billy") La Touche Congreve
affecté à la Rifle Brigade.


William Congreve a eu une carrière militaire très intéressante et bien documentée quoique courte. On nous en parle de manière détaillée dans l'ouvrage "Armageddon Road, a VC’s Diary 1914-1916", édité par Terry Norman. Après avoir fait ses adieux en Irlande où il résidait et un bref séjour en Angleterre, il a débarqué en France avec le 3ème bataillon de la Rifle Brigade le 13 septembre 1914. Il a été engagé dès son arrivée, participant à la bataille de l'Aisne en septembre, au combat de Neuve Chapelle en octobre, puis à Kemmel, à la bataille de la route de Menin et à la première bataille d'Ypres. Billy a été un témoin très désapprobateur de la trève de Noël. En 1915, il a combattu à Saint-Eloi et participé à le deuxième bataille d'Ypres, remportant la Military Cross (MC) à Hooge en juin. Dans le secteur du moulin de Spanbroek, il s'est trouvé dans les mêmes tranchées qu'Aubrey Moore dont l'histoire est décrite plus loin. En avril 1916, revenu à Saint-Eloi, il a été décoré du Distinguished Service Order (DSO) et a reçu la Victoria Cross à titre posthume en France en juin 1916. Il a cité à l'ordre du jour à quatre reprises.


Ce révolver était donc la propriété de quelqu'un de bien connu. En outre, le Webley Fosberry est une arme peu courante et intéressante techniquement parlant. En effet, contrairement aux autres révolvers dont le chien doit être armé avant chaque coup (NdT : soit en pressant sur la détente – « double action »- , soit en agissant directement sur le chien – « simple action »), cet armement est réalisé automatiquement. La partie supérieure de la carcasse recule lors du tir; cela arme le chien et provoque une rotation du barillet d'un douzième de tour. L'action du ressort récupérateur ramène la partie supérieure de la carcasse vers l'avant faisant tourner le barillet d'un autre douzième de tour. Les deux rotations totalisent donc un sixième de tour et amènent la chambre suivante du barillet devant le canon; le révolver est prêt pour le tir suivant.


Le nombre total de Webley Fosberry qui ont été manufacturés est très faible et se situe aux environs de 4.750. Ces armes étaient très coûteuses, même pour l'époque. Celui de Billy Congreve a été acheté par lui en 1911 lorsqu'il était en poste en Irlande, dans le comté de Tipperary.

Le père de notre héros était le Lieutenant-Général Sir Walter Congreve, VC KCB MVO. Comme son fils, il a obtenu la Victoria Cross ; ce fut pour récompenser un acte de bravoure lors de la bataille de Colenso, le 15 décembre 1899, durant la guerre de Boers. Le fait qu'un père et son fils soient tous deux récipiendaires de la plus haute distinction britannique décernée pour acte de courage devant l’ennemi s'est seulement produit à trois occasions, parmi celles-ci citons aussi les Roberts dont on parle ci-dessous.


Walter Congreve a obtenu la Victoria Cross en même temps que le Lieutenant Frederick Roberts du King's Royal Rifle Corps (fils du Field Marshal Lord Roberts lui-même récipiendaire de la Victoria Cross), le Capitaine H.N. Schofield et le Caporal G. Nurse, lors d'une courageuse tentative pour sauver les pièces des 14ème et 66ème batteries de la Royal Field Artillery. Deux des douze canons ont été ainsi soustraits à l'ennemi. Le Lieutenant Roberts est malheureusement mort de ses blessures deux jours plus tard. Voici le texte de la citation parue dans la "London Gazette" : "A Colenso le 15 décembre 1899, le personnel en service aux pièces des 14ème et 66ème batteries de la Royal Field Artillery avait été soit tué, soit blessé, soit éloigné des canons par des feux d'infanterie très proches. Les pièces étaient donc laissées à l'abandon. Environ 500 mètres derrière la position, se trouvait une déclivité dans laquelle s'étaient réfugiés quelques conducteurs survivants et quelques chevaux. Le terrain les séparant des canons était balayé par le feu des fusils et des canons ennemis. Le Capitaine Congreve de la Rifle Brigade, qui était dans la déclivité, a aidé à atteler des chevaux à un avant-train puis est sorti pour gagner la position et a participé à la récupération d’une des pièces. Blessé, il s'est abrité puis, voyant tomber gravement blessé le Lieutenant Roberts, il est sorti à nouveau et l'a ramené à couvert. Une balle a traversé la jambe du Capitaine Congreve et une autre le bout de sa botte ; son coude et son épaule étaient en sang. Son cheval a été touché par des balles à trois endroits.

 

Le Lieutenant-General Sir Walter Congreve VC KCB MVO 
Père de Billy Congreve
(affectueusement appelé par lui  « Pops »)

 

Voici le texte de la citation parue dans la "London Gazette" :

"A Colenso le 15 décembre 1899, le personnel en service aux pièces des 14ème et 66ème batteries de la Royal Field Artillery avait été soit tué, soit blessé, soit éloigné des canons par des feux d'infanterie très proches. Les pièces étaient donc laissées à l'abandon. Environ 500 mètres derrière la position, se trouvait une déclivité dans lequel s'étaient réfugiés quelques conducteurs survivants et quelques chevaux. Le terrain les séparant des canons était balayé par le feu des fusils et des canons ennemis. Le Capitaine Congreve de la Rifle Brigade, qui était dans la déclivité, a aidé à atteler des chevaux à un avant-train puis est sorti pour gagner la position et a aidé à récupérer une pièce. Blessé, il s'est abrité puis, voyant tomber gravement blessé le Lieutenant Roberts, il est sorti à nouveau et l'a ramené à couvert. Une balle a traversé la jambe du Capitaine Congreve, et une autre le bout de sa botte. Son cheval a été touché par des balles à trois endroits".

 

Quelques commentaires sur les distinctions de Billy Congreve:

 

Quelques commentaires sur les distinctions de Billy Congreve

Voici d’abord la citation de la London Gazette du 24 octobre 1916 concernant la Victoria Cross de Billy : « Pour la plus remarquable bravoure dont il a fait preuve durant les quatorze jours qui ont précédé sa mort au combat. Cet officier a accompli constamment des actes de vaillance et a montré le plus grand dévouement dans l’accomplissement de son devoir. Lors des moments critiques des opérations, son exemple a redonné confiance à ceux qui l’entouraient. Durant la phase préparatoire à l’assaut, il a exécuté personnellement une reconnaissance des lignes ennemies emmenant avec lui des officiers et des sous-officiers à plus de 900 mètres de nos lignes afin qu’ils soient familiarisés avec le terrain. Toutes ces manœuvres de préparation ont été exécutées sous le feu ennemi. Plus tard, de nuit, le Major Congreve a guidé un bataillon vers les positions de départ qui lui étaient assignées, retournant ensuite vers lui pour connaître la situation après l’assaut. Il s’est alors installé dans une position avancée très exposée mais d’où il pouvait observer l’ennemi afin de donner les ordres nécessaires pour qu’il soit chassé de sa position. Deux jours plus tard, alors que le quartier général de la brigade subissait un fort bombardement avec de nombreux blessés, il est sorti afin d’aider le personnel médical à mettre les blessés à l’abri bien qu’il souffrait lui-même gravement des effets du gaz toxique et de ceux du bombardement. A une autre occasion, il a fait à nouveau preuve d’un courage exceptionnel en s’occupant de blessés sous un intense bombardement. Enfin, il est retourné sur la ligne de front pour évaluer la situation après un assaut infructueux et, alors qu’il rédigeait son rapport, a été tué sur le coup ».

Billy a été décoré de la Military Cross (MC) pour bravoure à Hooge en 1915

 

 

En outre, le 3 avril 1916, à la butte de Saint-Eloi en Belgique, Billy a capturé cinq officiers et 77 soldats au Cratère N° 5 en les menaçant de son révolver. Il a été recommandé une première fois pour la Victoria Cross mais a reçu le Distinguished Service Order (DSO).

Dans son compte-rendu, il écrit :

« Imaginez ma surprise et mon horreur quand j’ai vu une foule de Boches en armes ! Je suis resté là durant un bon moment, ressentant une sorte de timidité ; j’ai ensuite pointé mon révolver sur le premier Boche et j’ai crié : « Haut les mains, tout le monde » Quelques-uns ont obtempéré de suite, puis quelques autres et enfin tous. Alors que je les invectivais, je me sentais le plus fier gars du monde. »

 

 

 

La France lui a décerné la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur en novembre 1915. Elle lui a été remise par le Général de Boisellee, commandant du 30ème Corps d’Armée.

 


 

Billy a épousé Pamela Maude le 1er juillet 1916. Exactement trois semaines après, il était tué, laissant sa veuve enceinte. C’est l’évêque de Londres, un ami de la famille Maude, qui avait célébré leur mariage. Le deuil a frappé les deux familles car le plus jeune fils de l’évêque, le Lieutenant Gilbert Talbot (qui a laissé son nom à Talbot House, à Poperinge) avait été tué à Hooge le 30 juillet 1915. Pamela et Gilbert étaient des amis d’enfance et Gilbert était devenu un ami de Billy.

 

 

 

 

 

 

Le Lieutenant Gilbert Talbot est inhumé au cimetière militaire britannique de Sanctuary Wood à Zillebeke en Belgique.

 

Billy Congreve VC, DSO MC

 

Le 20 juillet 1916, près de Longueval en France, Billy a été recommandé une nouvelle fois pour la Victoria Cross pour sa conduite exemplaire et pour différentes actions durant les 15 jours précédents. Cette fois, elle lui a été décernée, mais à titre posthume. Billy a été tué par un tireur d’élite d’une balle dans la gorge ; il est resté debout une seconde puis est tombé sur le sol ; la mort a été instantanée. Il est enterré au cimetière communal de Corbie en France.